Depuis que je suis gamin, j'ai toujours dit : 'Un jour, j'emmènerai une vache à Paris.' C'était mon rêve”, raconte Jérémy Souty. Alors, dès qu'il s'installe avec ses parents Christelle et Georges, il se lance sur les rings. Son premier concours : l'interrégional à Rennes en mars 2013, avec Caravane. “Je ne connaissais vraiment personne.” Mais le plaisir était là. Il enchaîne avec le Cima (juillet). Un doublé à la clé : Caravane y obtient le prix de meilleure mamelle adulte, et Ecluse, celui de meilleure mamelle jeune. La machine est lancée : “L'ambiance entre éleveurs mayennais est très bonne, ça m'a motivé. Quand tu commences, tu ne peux plus t'arrêter. C'est un engrenage. Participer au concours, c'est un autre monde, on change d'air, c'est presque des vacances.”
Ce qui le motive : l'amour des belles vaches, l'ambiance. Le plaisir d'un concours, c'est aussi tout ce qu'il y a autour, et “tout ce qu'il y a avant (dressage, tonte)”. Impliqué, Jérémy participe à la création des dynamiques Jemo (Jeunes éleveurs montbéliards de l'Ouest), dont il est trésorier.
Meilleure laitière
Ecluse a étoffé son palmarès départemental : meilleure mamelle adulte en 2014, meilleure laitière en 2015, meilleure fromagère en 2017. Pour sa meilleure lactation, elle a produit 10 124 litres en 305 jours, à 42,5 de TB et 34,3 de TP. Puis, il y a Idalia, avec son coup d'éclat en 2016 : un premier prix de section au concours national qui se tenait au Space. “Elle était suppléante à la base, on ne s'y attendait pas.” Le titre de grande championne cette année vient s'ajouter aux meilleurs souvenirs de ces éleveurs. “Après le Space, j'ai reçu un message d'éleveurs du Jura. Ça fait plaisir.”
La première en 1994
Le chemin n'est jamais écrit d'avance. Gesvres se situe dans les hauteurs des Alpes mancelles, mais les vaches du Jura n'ont pas toujours habité au Gaec des Montagnes. Georges Souty a acquis sa première Montbéliarde en 1994, dans un troupeau de quinze bêtes qu'il reprenait. Puis un éleveur originaire du Jura, installé sur la commune, lui en a vendu d'autres. Georges Souty était convaincu par la race, pour sa rusticité, ses taux et sa valorisation bouchère. “En 1998, j'ai fait le grand saut, j'ai acheté le reste.”
Diversité génétique
Les vaches venaient de différents endroits. Un handicap ? Non, aujourd'hui, c'est une force et les éleveurs veillent toujours à la diversité dans leur cheptel : “Là, on a 35 génisses, issues de 30 pères différents. J'aime varier.” C'est ainsi qu'on trouve au Gaec des Montagnes des championnes remarquables pour leur morphologie, comme des vaches plus discrètes mais plus rentables. “Il faut de tout dans un troupeau.” Udine est la troisième vache de l'élevage à dépasser les 100 000 litres. Une première en Montbéliardes en Mayenne.
Quant au rêve de Jérémy, il a été exaucé cette année : il a participé au Salon de l'agriculture à Paris. Avec Idalia, bien entendu.
Rémi Hagel